Récit incroyable

Le Lysander durant le conflit

Des débuts difficiles !

En 1934, la RAF était à la recherche d’un nouvel avion d’observation et de coopération avec l’armée de terre. L’Air Ministry confia finalement l’étude et la réalisation de l’appareil à la firme Westland de Yeovil.

Dessiné par W.E.W. Petter, le prototype fut terminé en un an. Le 15 juin 1936, le K6127 prit l’air avec le pilote d’essai de la firme, Harold Penrose, aux commandes.

L’appareil avait toutes les caractéristiques et les qualités d’un avion STOL (Short Take-Off and Landing). Il pouvait opérer à partir d’un terrain sommairement aménagé. L’équipage était composé d’un pilote et d’un observateur-mitrailleur de bord. Ce dernier maniait une mitrailleuse Lewis ou Vickers double montée dans le cockpit arrière. En plus de sa tâche d’observation tactique, on prévoyait d’autre fonctions: le ramassage de messages au moyen d’un crochet fixé en-dessous du fuselage, la photo aérienne, l’attaque au sol. A cet effet 2 mitrailleuses Browning étaient fixées dans les carénages des roues et des petites ailes amovibles, fixées au dessus des garde-boue devaient porter 6 bombes chacune.

La production en série permit l’équipement des premières escadrilles Army Cooperation en 1938. Un an plus tard ce fut l’épreuve du feu. A partir du 3 septembre 1939, la British Expeditionary Force prend position dans le nord de la France, soutenue entre autres par cinq escadrilles de « Lysander ». Ces appareils de la « British Air Force in France » passent les mois de la drôle de guerre » sans trop de casse. Le temps des véritables épreuves commencera le 10 mai 1940 au moment de l’invasion de la Hollande de la Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg. Les divisions Britanniques viendront soutenir l’armée belge et ce seront entre autres, les Lysanders qui feront des missions d’observation. Le cours désastreux des événements est connu. Les Lysander paient un lourd tribut. Plusieurs dizaines d’appareils sont détruits tant en vol qu’au sol. Les pertes sont telles que seulement une cinquantaine de Lysander sur 180 retourneront en Angleterre à la fin du mois de mai 40. Le commandement en chef de la British Air Force in France résumait la situation dans un rapport en écrivant: « The Lysander are quite unsuited to their task ».

Les Anglais retranchés dans leur rôle, n’emploieront dorénavant les Lyzzie que dans des tâches secondaires telles que le remorquage de cibles ( pour l’entraînement de la DCA ou des mitrailleurs de bord ) ou l’Air Sea Rescue. Des Lysanders sont stationnés sur des aérodromes côtiers et patrouillent au-dessus de la Manche et de la mer du Nord à la recherche des pilotes abattus. Des « dinghys » sont suspendus au bomb-rack et doivent être largués à proximité des aviateurs afin d’augmenter leurs chances de survie.

L’avion des services secrets !

C’est vers la seconde moitié de 1941 que le Lysander reconnaîtra un regain d’intérêt. La résistance se structure en France occupée et les services spéciaux britanniques ( S.O.E. : Special Operations Executive ) envisagent de déposer et de reprendre des agents secrets en territoire francais. On se souvient des qualités STOL du Lysander. Quelques appareils sont alors transformés; on y ajoute un réservoir ventral qui augmente leur rayon d’action et on fixe une petite échelle au côté gauche qui facilitera l’accès au cockpit arrière où prendront place les agents.

Une des première mission eut lieu dans la nuit du 4 au 5 septembre 1941. Cette fois, l’avion convient parfaitement pour cette mission. Ce sera la première d’une longue série qui continuera jusqu’en septembre 44. Deux escadrons de la RAF seront chargés de ces atterrissages de nuit tout à fait exceptionnels: le 138 et le 161 escadron.

Commandant du A-Flight de l’escadrille 161, le Group Captain Hugh Verity, relate dans un livre ( « Nous atterrissions de nuit… », édition France Empire ), l’ensemble de ces opérations clandestines qui furent l’occasion de nombreux actes tout aussi héroïques qu’anonymes. Il y eut environ 280 missions en Lysander, dont 180 réussirent, les autres le furent en HUDSON. 700 passagers furent ainsi transportés dans un sans ou l’autre. Il n’y aurait eut qu’une seule mission en Belgique, dans la région de Neufchâteau dans la nuit du 8 au 9 décembre 1941: l’opération « Stout ». L’histoire de cette mission mouvementée a été reconstituée dans un film de télévision par la RTBF « Jour de Guerre » sous la rubrique la résistance. C’est notre avion qui fût utilisé pour ce film tourné sur l’aérodrome de St. Hubert.

Le Westland « Lyzzie » Lysander est peut-être moins connu du grand public que le célèbres Spitfire ou Messerschmidt. Il faut pourtant souligner l’audace, le courage et le professionnalisme de ces pilotes, effectuant des vols de nuit, seuls, sans aides à la navigation, et osant atterrir en territoires occupés, sur des terrains sommairement balisés par quelques lampes tenues par les maquisards.

SNOT